La Turakie de nos spectacles, petit pays en géographie verticale inconnu de tous mais qui peut exister dans l’imaginaire de chacun, se visualise grâce à un caillou attaché au bout d’un fil et posé au hasard sur la carte du monde. Ainsi ces cailloux déposés deviennent des rochers, des îles de Turakie.
Ne l’oublions pas :
En Turakie, une vache debout c’est un pingouin qui se moque du monde.
Nous passons notre temps en Turakie, à visiter ces bouts du monde, à nous inscrire dans ces microcosmes, îlots réels ou imaginaires, à poser notre drôle de théâtre d’objets dans tous ces recoins, parcourir les quartiers, les îlets, les villages de montagne et les cités minières, par delà nos frontières ou dans le fond du département, toujours à la rencontre des gens qui vivent là.
Et partout nous ramassons des objets usés, des copeaux de mémoires, des débris de souvenirs, nous nous inventons un tour du monde en petits bouts de ficelle.
Nous pratiquons donc une archéologie du présent de l’indicatif du monde qui nous entoure. Une archéologie du fond des poches, une archéologie de l’ordinaire qui nous permet de reconstituer, de recomposer des images des grands épisodes de notre Turakie rêvée.
Dans cette île, le « Carton » est un petit animal sauvage des zalpages de Turakie verdoyante. Chose étonnante, chez l’espèce ondulante de cette petite bestiole, mâles et femelles carton ont du lait… et nourrissent ainsi leurs petits à tour de rôles. Ce petit animal sauvage a un goût prononcé pour la musique de chambre. En groupe, les petits «Car¬ton’aide est précieuse» fabriquent à plusieurs, de petits instruments de musique rudimentaires. Régulièrement ils jouent de petits airs sur les balcons pour d’autres «carton’avis m’intéresse». Longtemps le Carton a été domestiqué pour divers emballages, déménagements et autres tâches ménagères. Par ennui, certains habitants cruels passent le temps en tapant le carton. En période de crise, les cartons accueillent les plus démunis… sa maison est en carton, pirouette-cacahuète, ses escaliers sont en papier.
En Turakie, chaque jour qui passe est un morceau de carton qui ondule.
Et si ce drôle de théâtre d’objets était un jeu de piste. Un chemin qui sillonne à travers la mémoire et jubile de ses méandres et labyrinthes pourtant si familiers. S’il était un parcours de cabanes mystérieuses et pourtant connues, de drôles endroits où l’on peut pourtant se sentir chez soi, des fenêtres, des points de vue étranges d’où l’on regarde tout ce qui nous entoure. En équilibre sur des amas d’objets usés, brisés, fatigués, nous pourrions inventer et construire des observatoires qui conjuguent le présent.
Un pingouin avec des étagères sous les ailes est une armoire fraîchement abandonnée sur la banquise.
Tout droit sorti de « l’école polysémique », notre théâtre d’objets se conjugue à l’imparfait du suggestif, au subjectif plus-que-parfait.
Il ne sait pas précisément ce qu’il raconte, mais il le raconte et chacun peut se l’approprier… Ce théâtre est un conglomérat de terre, d’eau, de neige et d’objets abandonnés, connus, échappés, tombés du camion. Une énorme boule roulée dans nos mémoires, une compression d’objets bien reconnaissables dans cet amas.
Ce bonhomme de neige des terrains vagues roule sa boule et pousse sa bosse. Quelques musiciens le suivent. Il se vautre dans les remises et les garages, et amasse dans l’arrière boutique de nos souvenirs.
C’est un rocher de Sisyphe que nous poussons chaque jour et laissons ensuite dévaler la pente pour tenter de bousculer un peu nos imaginaires.
Avec ce passé sur lequel nous glissons, ces objets sur lesquels nous trébuchons, notre théâtre est comme un chien dans un jeu de quilles qui dégringole dans le présent.
Né en 1961 à Creutzwald
je mets à profit mes trouvailles techniques pour des « pièges farceurs » à l’intention de ma sœur aînée.
j’expérimente en milieu ordinaire la vie des cosmonautes en construisant mon premier scaphandre en carton ondulé.
j’ai 12 ans, j’accompagne les Beatles, en construisant ma batterie avec des barils de lessive.
j’invente « l’arsenoïtal », instrument de musique basé sur le domptage de l’effet Larsen (terriblement redouté), entre micro et enceinte acoustique (pour le plus grand plaisir de mes voisins que je remercie de leur patience).
je tente de réinventer la clarinette basse avec un bec de clarinette et un tuyau d’arrosage vert, essayant vainement de calculer le paramètre d’augmentation de la distance entre deux trous.
je crée mon premier spectacle avec objets et marionnettes. La première représentation est donnée dans mon ancienne école maternelle. Avec émotion et mot d’excuse (du type « angine blanche » ou « maux de dents ») pour mon lycée, je commence ma carrière dans le spectacle par une tournée des écoles du département.
je découvre l’Alsace, ses géraniums, ses fontaines, ma première tentative de création d’une compagnie de théâtre.
j’arrive à Nancy, au C.U.I.F.E.R.D. (Centre Universitaire International de Formation et de Recherche Dramatique). Je découvre le théâtre oriental (Nô Japonais, Kathakali Indien, Topeng Balinais…).Stage de formation avec le Théâtre Laboratoire de Wroclaw, l’Odin Théâtre, l’I.S.T.A. Début d’une réflexion sur le théâtre d’acteurs.
création d’un spectacle itinérant, « Le poulailler » (dans une valise) et tournée de cinq semaines en Allemagne. Mon premier spectacle « visuel, sonore et sans texte ».
création tout seul de TURAK THÉÂTRE D’OBJETS (directeur artistique, (h)auteur, mett(r)eur en scène, comédien le jour et administratif la nuit).
En 2000, Emilie Hufnagel se détourne de ses études littéraires et devient responsable RP au Théâtre de Châtillon. En 2001, elle découvre la Turakie. Elle entre alors dans la compagnie Turak et se retrouve rapidement, aux commandes partagées, à l’organisation et la structuration des projets du Turak. Dès lors, sa préoccupation pour un théâtre populaire et accessible, vient questionner la dramaturgie des spectacles et autres reconstitutions artistiques de la Turakie.
En 2002/03, elle travaille à l’organisation d’un extraordinaire projet de coopération et d’actions artistiques au Laos, et en tournée en Thaïlande, Corée, Cambodge, mêlant représentations, master class, performances avec des artistes locaux et actions dans des lieux non-prévus pour les spectacles, Hôpitaux, prisons pour enfants…
Depuis 2004, elle invente et écrit les projets artistiques, partage l’écriture, la mise en scène, l’interprétation des spectacles et l’administration de la compagnie en codirection avec Michel Laubu,
L’invitation de la compagnie dans le théâtre de rue en 2003/2004/2005 est l’occasion pour elle d’entrer en scène pour des performances Ambarrassade de Turakie et nombreuses autres vraies fausses conférences illustrées et improvisées, de chorégraphies de toiles de tentes ou autres falsifications de réels moments officiels.
Saison 2005/06, elle organise et participe à une série de résidences avec des artistes Syriens, musicien et peintre, à Damas, Homs, Lattaquié et Alep, en vue de la création du spectacle Depuis hier, quatre habitants, programmé au Festival d’Avignon – IN en 2006.
De 2005 à 2008, elle sera en parallèle conseillère artistique au Volcan SN du Havre.
En 2011, elle est sur scène et en tournée en duo avec Michel Laubu pour Les fenêtres éclairées. Ne quittant pas le poste de commandes et la complicité artistique sur l’écriture et la mise en scène, elle jouera ensuite dans Sur les traces du ITFO (Import’nawouak Turakian FolklorikOrke’stars) puis Une cArMen en Turakie.
Elle signe son premier solo en 2017 Chaussure(s) à son pied ! manifeste poétique pour 7 robes de mariées et 30 Kg de souliers, composé et tissé à partir des expressions et images du comportement amoureux détectables dans les contes de fées populaires (Cendrillon, Le petit chaperon rouge, Les souliers rouges, Blanche Neige et les sept nains…) et de cette question : faut-il rester dans l’attente du prince charmant ?
Parallèlement, elle met en scène le solo de Michel Laubu Parades nuptiales en Turakie.
Elle cosigne et joue en 2018 Incertain monsieur Tokbar et en 2021, 7 Sœurs de Turakie.
En 2023, elle met en scène avec Michel Laubu le spectacle Saga familia - des lustres inconnus - ainsi que Ma mère, c’est pas un ange (mais j’ai pas trouvé mieux) dont elle sera également l'auteur.
TURAK THEATRE
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Tél : +33 (0)4 72 10 98 05 | contact[@]turak-theatre.com
Siret n°345 339 584 000 61
PLATESV-R-2021-006634 / PLATESV-R-2021-006635
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Turak Théâtre, Raphaël Licandro, Romain Etienne - Item,
Benoît Tabita, Vincent Marin, Laurent Vichard, Laurent Nembrini,
Michel Duinat, Anne-Catherine Steiner, Stéphane Négrin
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